L’épopée d’Antar occupe une place unique dans la littérature arabe. Célèbre dans tout l’Orient, telle jadis l’Iliade en Grèce, ce poème s’est perpétué à travers les âges par la bouche de nombreux conteurs de profession. Lamartine a écrit : Antar, égal souvent par l’instinct, par les mœurs, par la poésie, aux chefs-d’œuvre d’Homère, de Virgile, du Tasse, est resté populaire dans les tentes des Arabes du désert de Damas, d’Alep, de Bagdad… Né d’un émir et d’une esclave noire prise dans une razzia, Antar doit vaincre tous les préjugés de la naissance et de la couleur. Bâtard, esclave et noir, mais doué d’une prodigieuse vigueur, d’une vaillance à toute épreuve, d’une éloquence forte et sauvage, d’un sens de liberté et d’une générosité sans limites, poussé par un amour chevaleresque pour sa cousine Abla, il parvient, à force de prouesses, à triompher de toutes les résistances, se fait reconnaître par son père, et, admis aux rang des nobles, épouse celle qu’il aime et devient le premier de sa tribu, qui est la première parmi les nomades de l’Arabie. Renan a écrit : Je ne sais, s’il y’a dans toute l’histoire de la civilisation un tableau plus gracieux, plus aimable, plus animé que celui de la vie arabe avant l’Islam, telle qu’elle nous apparaît dans ce type admirable d’Antar : liberté illimitée de l’individu, absence complète de loi et de pouvoir, sentiment exalté de l’honneur, vie nomade et chevaleresque, fantaisie, gaîté, malice, poésie légère, raffinement d’amour.
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